Vive la culture
Saturations, distorsions, voix d’outre-tombe, panoplie provocante,... avec son cortège de clichés, le metal, depuis une cinquantaine d’années, résiste à toutes les vagues. Après l’électro et le hip-hop, du 5 avril au 29 septembre 2024, la Philharmonie explore ce nouveau territoire, ses codes et la richesse de ses mythes. À rebours des caricatures, l’exposition dresse, pour la première fois en France, un tableau documenté de ce mouvement, où dialoguent musique, culture populaire, vision anthropologique et arts contemporains. Pour l’occasion nous avons invité Corentin Charbonnier, anthropologue et co-commissaire de l’exposition, à faire sa sélection. Pour prolonger votre amour des décibels, vous pouvez retrouver deux sélections que nous avons faites il y a quelques temps : Hellfest et Highway to metal. Des titres qui affichent la couleur !
Le 28 février dernier sortait Madame de Sévigné, d’Isabelle Brocard, film inspiré de la célèbre correspondance que Madame de Sévigné (1626-1696) a entretenue avec sa fille, une correspondance qui deviendra une des œuvres majeures de la littérature française. Si les technologies de communication ont peu à peu fait disparaître les lettres de notre quotidien, beaucoup de ces correspondances ont donné à nos bibliothèques des volumes dans lesquels ont peu replonger sans fin au gré de nos humeurs. Lettres d’amour, lettres de rage, correspondance au long cours, lettres dont on ne connaît pas les réponses, petits exercices d’admiration… notre sélection est variée mais subjective. Écrivez-nous pour nous dire ce que vous en pensez !
Cette année, la moitié de la population mondiale en âge de voter est appelée aux urnes. Élections présidentielles, législatives ou locales, si certaines sont indécises, d’autres on peut déjà donner les résultats. Par exemple. Les Russes seront appelés du 15 au 17 mars à élire leur président. Peut-on imaginer un instant que l’actuel président, à la tête du pays depuis vingt-quatre ans - dont quatre comme Premier ministre -, qui a fait modifier la constitution pour que le nombre de mandats consécutifs de président ne soit plus limité, qui a fait passer la durée de ces mandats à six ans, qui laisse à ses opposants la place d’un confetti dans un carnaval, peut-on imaginer que Vladimir Poutine ne sera pas réélu ? Comme la culture n’est au centre d’aucune de ces élections, vivelaculture a décidé de s’intéresser à elles. En toute subjectivité, bien entendu.
« Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique. » — Maurice Ravel, Esquisse autobiographique, 1928. Presque cent ans après sa création, et alors que sort le film d’Anne Fontaine Boléro, l’envie nous a pris de cette sélection. Rythmée, mais subjective.
Quatre ans après la sortie du premier volet, sort sur les écrans la suite de l’adaptation par Denis Villeneuve du roman de Frank Herbert. Avec ce deuxième volet, Denis Villeneuve semble avoir vaincu la malédiction qui a frappé toutes les tentatives d’adaptation précédentes. Peut-être aussi les techniques numériques de production permettent-elles de donner, aujourd’hui, toute son ampleur à cette saga fleuve. Nul doute aussi que l’impact de films comme 2001 : L'Odyssée de l'espace ou Star Wars a modifié le regard des producteurs et les attentes du public. Petit tour de la question en douze références. Un choix subjectif, épicé mais subjectif !
Comme le Festival de Cannes ou les vœux du Président, le Salon de l’Agriculture marque une année. Mais nul doute qu’après les manifestations de janvier le passage obligé des politiques à cette 60e édition ressemblera, pour beaucoup, à un numéro d’équilibriste. Quoi qu’il en soit, on peut prévoir que la plus grande ferme de France va encore attirer près de 1% de la population qui a le goût de la nature et la nostalgie d'une France jadis majoritairement agricole, mais une population aussi préoccupée par les questions de sécurité alimentaire, d’environnement, des territoires épuisés par l'agriculture intensive ou des traditions en voie de disparition. Bref, le Salon n'a pas fini d'alimenter les débats...
En une dizaine de livres qui brouillent les frontières entre roman, récit et documentaire, Joy Sorman explore des univers à chaque fois différents pour provoquer l’étonnement des lecteurs. Dans une Masterclasse donnée sur France Culture, Joy Sorman déclarait : “ Plus j’écris, plus pour moi, l’écriture est une expérience de l’altérité, d’une poussée hors de mon genre, de ma classe sociale, de mon univers esthétique, culturel. Je cherche à me décentrer, à trimballer mon corps dans des milieux qui ne me sont pas familiers. C'est-à-dire à vivre des aventures et des expériences qui sont tout à fait inhabituelles à mon corps. ” Le Témoin, son roman sorti tout récemment, nous plonge au cœur du palais de justice de Paris. A cette occasion, Joy Sorman nous a livré sa sélection.
Manu Chao (la figure de proue de la Mano Negra) a dit au cours d'une interview qu’un tee-shirt de Bob Marley était plus efficace qu’un gilet pare-balles pour traverser les quartiers chauds de la planète. Alors que sort sur les écrans un biopic hollywoodien sur le grand Bob et qu’arte diffuse un documentaire beaucoup plus intéressant sur le même sujet, Robert Nesta Marley pour l’état civil, Bob Marley pour des centaines de millions de personnes à travers le monde, aurait fêté ses 79 ans le 6 février dernier si, en 1981, un méchant cancer n’en avait pas décidé autrement. Jah Love!
Autrice précoce avec un premier roman, Le Voleur de vie, publié à 16 ans, poétesse, marathonienne, Cécile Coulon vient de marquer ce début d’année avec La Langue des choses cachées, un roman (son neuvième) dont on aurait pu deviner les germes dans une interview donnée à Libération en 2020 : «Oui, je porte plus de fantômes en moi que d'expériences. Mais si je suis hantée, c'est dans le sens positif. Je le suis par les voix, les histoires, les paysages de ceux qui nous ont précédés. Je suis à la tête d'un troupeau de fantômes, mais ils ne me mènent pas.» Elle rassure. «La maturité qu'on me prête tient au fait que je sais écouter ces voix d'avant et sais me taire pour les écrire.»
Amis de la musique classique, oubliez les nœud pap’, les tenues empesées, les velours rouges et les dorures ! Théo Ould est un artiste éclectique qui dépoussière l’accordéon en le poussant hors des sentiers battus. Nommé dans la catégorie « Révélation Soliste Instrumental » des Victoires de la Musique classique 2023, à 25 ans, Théo a déjà reçu une cascade de récompenses en abordant les répertoires de Vivaldi, Beethoven, Bach, Prokofiev, Arvö Pärt ou Régis Campo. A la veille de boucler ses valises pour Nantes où il se produira dans le cadre de la 30e édition de la Folle Journée, Théo a pris le temps de nous livrer sa sélection.
Après des études de philosophie et de commerce, Jean Harambat a beaucoup voyagé, un carnet de dessin dans ses bagages. En Afrique, (où il s’est occupé de la logistique pour Action contre la faim au Liberia), en Argentine (comme travailleur agricole), ou dans les vestiaires (joueur impénitent de rugby), c’est inlassablement qu’il croque son environnement, un regard qui nourrit ses premiers reportages et récits dessinés pour les magazines. Depuis Les Invisibles, sa première BD parue en 2008, il a publié une dizaine de titres avec lesquels il collectionne les distinctions. Alors que cet amoureux de la littérature et d’histoire vient de faire paraître La Pièce manquante, Jean Harambat a accepté notre invitation à quelques jours de son départ pour la 51e édition du Festival de la BD d’Angoulême.
Journaliste, auteur d’une douzaine de romans, traducteur d’écrivains américains et de poètes russes, Thierry Marignac a mené une adolescence orageuse au son des Sex Pistols et marquée par des addictions variées. Il a lié des amitiés avec des écrivains comme Hervé Prudon, Bruce Benderson, ou l’auteur et sulfureux homme politique russe Edouard Limonov, des rencontres qu’il a faites à Paris, Londres, New York, Moscou, Kiev, Berlin… jamais en première classe ni dans les palaces. Ce parcours d’une sorte de Blaise Cendrars de la fin des années soixante-dix, Marignac le raconte dans Photos passées, son dernier roman en date. Avant de repartir prochainement, Thierry Marignac a accepté notre invitation.
Miguel Bonnefoy est né en France d’une mère vénézuélienne, diplomate, et d'un père romancier chilien. Ce conteur-né est l’auteur d’une petite dizaine de romans, écrits dans un français dont seuls les poètes et les écrivains multiculturels sont capables, faisant surgir des mots parfois oubliés, ou les éclairant d’un nouvel éclat. Son dernier roman, L'Inventeur, est une biographie aux allures de conte, l’histoire d’un ingénieur français du XIXe siècle, pionnier de l'énergie solaire à une époque où la planète ne jurait que par le charbon. Alors qu’il travaille à son prochain roman « comme un assoiffé », Miguel Bonnefoy a accepté de répondre à notre invitation.
On l’appelle « La Callas », et ce « La » majuscule l’inscrit immédiatement dans la flamboyante lignée des grandes divas : plus que des grandes voix, des stars immortelles de l’opéra. N’en déplaise aux plus fous de ses fans, ce n’est pas tant sa voix qui reste que sa présence, sa prestance, sa manière d’habiter les rôles : elle est une authentique tragédienne, qui a sorti la scène opératique de sa léthargie pour y réintroduire le jeu d’acteur… En attendant la sortie du biopic Maria réalisé par Pablo Larrain avec Angelina Jolie, Sophia Cecilia Kalogeropoulos, dite Maria Callas, aurait eu 100 ans le 2 décembre. Un anniversaire que nous fêtons avec cette sélection hommage… et totalement subjective.
La remise du prix Interallié clôt traditionnellement la rentrée littéraire qui, de la mi-août à la fin novembre, agite le monde de l’édition, et plus généralement tous les amateurs de littérature. Si la dizaine des grands prix décernés est loin de refléter la diversité des quelques cinq cents nouveaux romans qui sortent sur cette période, elle a le mérite de remettre la lecture au centre de l’attention du public pour quelques semaines. L’occasion est belle de vous proposer cette sélection récapitulative des titres de la saison et de ceux récompensés l’année dernière, sélection dans laquelle nous avons glissé notre coup de cœur de l’année. L’opportunité également de vous rappeler que le prix du livre est le même partout, et que dans une bibliothèque, emprunter des livres ne coûte rien, ou pas grand-chose.
Si le Napoléon de Ridley Scott est fraîchement accueilli sur nos côtes (on vous laisse aller juger par vous même en salle), il n’en reste pas moins que la tentative du réalisateur Anglais - un des plus influents et orgueilleux du cinéma - d’ajouter sa version aux centaines déjà existantes, illustre bien la fascination qu’exerce toujours la figure de Napoléon 1er. Et que dire des dix-huit mille ouvrages avec Napoléon dans le titre référencés à la BNF ! Donc, entre la version de Ridley Scott et la réédition en version restaurée du Guerre et Paix (1967) de Sergueï Bondarchuk (7 heures ! ), l’occasion se prête à une petite exploration de l’univers napoléonien en douze étapes. Choix subjectif. Forcément subjectif.
Depuis que ChatGPT laisse à penser que chacun peut écrire comme Proust ou filmer comme Spielberg, de plus en plus nombreux sont ceux qui s’inquiètent des conséquences de l'usage de l’IA dans de nombreux domaines. Rishi Sunak, le premier ministre britannique, a fait, fin octobre, une déclaration dans ce sens : “(...) il existe même un risque que l'humanité perde complètement le contrôle de l'Intelligence Artificielle”, sans oublier d’ajouter un : “je ne veux pas être alarmiste” tout britannique. Chez les acteurs de l’IA aussi des voix s’élèvent. Au printemps, plusieurs centaines de figures du milieu appelaient à un moratoire de six mois dans le développement de ces technologies. En attendant, on vous garantit que cette sélection ne doit rien aux IA ni aux algorithmes de recommandation, et que seuls des cerveaux humains sont responsables de sa subjectivité !
La saison des prix littéraires vient de connaître son acmé avec la remise des deux prix les plus prestigieux, le Goncourt à Jean-Baptiste Andrea pour Veiller sur elle, et le Renaudot à Ann Scott pour Les Insolents. Ann Scott s’est faite connaître pour ses romans ancrés à une époque où résonnait le rock sauvage et la techno produite à Berlin, Chicago où Paris, notamment avec Superstars, publié en 2000. A l’occasion de la sortie de La Grâce et les Ténèbres (2020), Ann Scott avait accepté notre invitation pour nous raconter son entrée en littérature, comment elle avait rencontré la beauté, et quelles œuvres lui redonnent la force d’écrire. Le Renaudot qu’elle vient de recevoir est une belle occasion de lui rendre hommage en republiant sa sélection.