Vive la culture
“Le Surréalisme est le Rayon Invisible qui nous permettra un jour de l’emporter sur nos adversaires” écrivait André Breton à la fin du Manifeste, faisant ainsi du mouvement surréaliste un outil de lutte. En digne héritier, Damien MacDonald rejoue ce serment dans sa BD Le Rayon invisible, dans laquelle il appelle de ses vœux une nouvelle révolution surréaliste. “Le surréalisme est mon obédience. Je suis absolument persuadé que les combats écologiques, décoloniaux, contemporains nécessaires rejoignent complètement la ferveur révolutionnaire de Breton.” En attendant le parcours que nous préparons pour célébrer les cents ans de la parution du célèbre Manifeste, Damien MacDonald a accepté notre invitation à faire sa sélection. Nous en sommes enchantés.
Journaliste et réalisateur, Simon Fichet s’est embarqué dans une chasse un peu particulière, la chasse à la tornade. Plutôt, il a accepté, avec un peu de réticence, d’accompagner aux États-Unis un collègue pour suivre ces fameux chasseurs de tornades, ces monstres d’eau et de vent capables de balayer des quartiers entiers et d’envoyer balader des SUV de plusieurs tonnes, ou des toitures et les murs qui les soutiennent à plusieurs kilomètres. Tornade est un récit captivant, haletant, qui nous rappelle aussi qu’il ne faut jamais se lancer à l’aventure sans une réserve de rouleaux de scotch très résistant... Avant de repartir à l’autre bout du monde, Simon Fichet nous a confié sa sélection. Bon voyage.
Avec La Petite bonne, son premier roman à diffusion nationale après une trilogie sur l’histoire d’un village dans le Queyras pour un éditeur régional publiée en 2022, Bérénice Pichat a hissé l’histoire de ses trois personnages (une bonne, une gueule cassée de la guerre de 14 et sa femme) sur le haut de la pile des romans de la rentrée littéraire. Dans une langue limpide, fluide, rythmée par des passages en vers libres, Bérénice raconte les ravages de la guerre et ses conséquences qui n’en finissent jamais. Quelques heures avant son passage dans La Grande librairie, Bérénice a pris le temps de nous livrer sa sélection que nous partageons aujourd’hui.
Laurent de Wilde est un passeur. Certes c’est un musicien, talentueux et reconnu de surcroît, mais un pianiste qui enregistre des portraits musicaux d’artistes - Thelonious Monk, Charles Mingus - pour arte, qui anime une émission de radio quotidienne sur le jazz (sur Radio Classique), qui écrit des livres (École normale un jour, normalien toujours), est plus qu’un simple musicien. C’est un passeur. Il suffit de plonger dans la sélection qu’il a composée avec générosité pour s’en rendre compte. “Je suis un grand partisan des règles qu’on se donne de façon un peu sévère quand on travaille, règles qu’on doit surpasser.” Mission accomplie.
La rentrée littéraire a ceci d’intéressant, c’est qu’aux titres d’auteurs reconnus se mêlent ceux de romanciers à découvrir, ainsi que ceux dont on attend les œuvres pour confirmer l’intérêt qu’on a porté à leurs premiers textes. C’est le cas de Tiphaine Le Gall qui, après les très remarqués Une Ombre qui marche (2020) et Le Principe de réalité ouzbek (2022), publie La Fille près du feu, son troisième roman. Eric Chevillard dit de l’écriture de Tiphaine Le Gall : “ Une phrase belle, souple, pleine de petits nerfs sagaces. On dirait une belette.” Tiphaine Le Gall a accepté notre invitation, et nous a livré sa sélection dont elle dit : ” Parfois on se réfugie derrière des références pour masquer sa propre pensée”.
Frédéric Paulin a marqué les esprits des lecteurs de romans noirs, en 2018, avec La Guerre est une ruse (Prix des lecteurs au festival Quai du polar en 2019), le premier volet de la trilogie Benlazar dans la laquelle il retraçait la montée du terrorisme islamique, de la victoire du FIS en Algérie, jusqu’aux attentats de 2015 à Paris. Avec Nul ennemi comme un frère, roman époustouflant qui inaugure une nouvelle trilogie, c’est dans la guerre libanaise que Frédéric Paulin nous entraîne, dans le sillage d’une poignée de personnages amenés à se croiser au fil de l’histoire. Et contrairement au tatouage qu’il porte sur le bras, “The Future Is Unwritten”, les deux volumes à suivre sont déjà prêts et sortiront en février et septembre 2025. En attendant, Frédéric Paulin nous a livré sa sélection avec laquelle nous débutons cette nouvelle saison, et nous en sommes ravis.
La période estivale donne souvent l’occasion de découvrir des films qu’on n’attendait pas. Les Fantômes, projeté en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes et salué comme une grande réussite, est de ceux-là et sortira mercredi prochain. Jonathan Millet a déjà réalisé plusieurs documentaires multi récompensés, dont Ceuta, douce prison en 2012, ou Et toujours nous marcherons en 2017, Les Fantômes est son premier film de fiction. De son expérience de documentariste il a gardé cette recherche d’un cinéma animé d’un rapport très sensoriel aux choses et à la profondeur de ses personnages qui créent dans son film d’espionnage une tension rare. Jonathan Millet a accepté de nous livrer sa sélection qui vient clôturer, en beauté, cette saison.
Avec huit albums depuis 1997, on ne peut pas reprocher à Françoiz Breut d’encombrer les devants de l’actualité. Chanteuse, compositrice, mais aussi illustratrice, celle qu’on pourrait raccrocher à une nébuleuse dans laquelle on retrouverait Dominique A, Yann Tiersen, Calexico, Louise Attaque… ces tailleurs de chansons aux univers si particuliers, Françoiz Breut donc, part sur les routes avec son album Vif ! dans ses bagages. Avant de partir, Françoiz a pris le temps de nous livrer sa sélection, et nous en sommes ravis.
“Pas de frontière entre les arts. Au contraire. Tous les gens dont je parle ici - et beaucoup, beaucoup d’autres - m’ont apporté quelque chose.” Avec la vie qu’il a menée, Jean-Yves Labat de Rossi pourrait mettre un paquet de scénaristes au chômage. Jugez-en par vous-même. Élève au petit séminaire, musicien « nez au vent », élève aux Beaux-Arts de Paris, musicien à Londres puis aux États-Unis où il sera le seul Français membre à part entière d’un groupe de rock américain, pionnier des synthétiseurs, ambianceur en Ouganda, producteur de musique sacrée à Notre-Dame de Paris, cofondateur du label de musique classique Ad Vitam. Et maintenant, écrivain. Alors qu’il vient d’attaquer l’écriture de son prochain livre, Jean-Yves Labat de Rossi a pris le temps de nous livrer sa sélection. Et nous en sommes ravis. Cerise sur le gâteau, il sera l’invité de l’émission À voix nue sur France Culture, à partir du lundi 17 juin.
Dimanche 9 juin, quelques 360 millions d’électeurs pourront glisser un bulletin dans une urne afin de choisir leurs députés. À cette occasion, c’est l’Europe de la Culture que nous avons voulu célébrer avec cette sélection exceptionnelle en quatre langues et en deux parties, des classiques comme des titres à (re)découvrir. Une vision subjective de la diversité et de la richesse des cultures des 27 États de l’Union. Bonne lecture à tous !
De la création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951, au Brexit en 2020, la Communauté européenne a connu bien des transformations, passant des six pays fondateurs (1957) aux vingt-sept États membres aujourd’hui. C’est pour renouveler (ou pas !) les 720 députés du Parlement européen (créé en 1979) qui représentent les 450 millions d’européens, que toutes les personnes en âge de le faire sont appelées à voter en juin. Comme tous ces chiffres manquent dramatiquement de poésie, c’est à l’Europe de la culture que nous avons décidé de consacrer cette sélection exceptionnelle de 27 œuvres, en deux parties (deuxième partie le 7 juin) et en quatre langues (nous avons fait le choix de laisser les références françaises pour les quelques titres non traduits dans les autres langues), sélection qui regroupe des classiques comme des titres à découvrir pour ouvrir en grand les portes de notre curiosité. Toutes nos sélections sont subjectives, celle-là encore plus que les autres !
Tous les ans, c’est la même histoire et tous les ans, on en redemande. On ? Les cinéphiles du monde entier qui, pendant dix jours, vivent au rythme de la présentation des films projetés en avant-première au festival de Cannes. Cette année, les sélectionneurs ont invité : des habitués de la Croisette (Woody Allen, Pedro Almodovar, les frères Dardenne, Ken Loach), une poignée de nouveaux venus, mais surtout ils ont ouvert la sélection aux films de genre avec pas moins de deux films fantastique-horreur-vampires. L’influence de George Miller, président du jury et père de Mad Max ? Premier tour de piste en attendant le début des festivités.
Les chauffeurs de taxi sont comme les barmen, les confesseurs ou les coiffeurs, on les paye pour un service, et en pourboire on leur laisse un morceau de nos vies. Calé sur la banquette arrière, à l’abri des regards, on se soulage d’autant plus librement qu’on ne recroisera jamais ces psys commis d’office. Ce confesseur de circonstance, qui connaît tous les recoins de sa ville, est une des figures qui a le plus irradié le cinéma et la littérature depuis l’invention du feu tricolore. Une figure qui nous a inspiré cette petite sélection subjective mais garantie sans émission de CO2. Vous avez un itinéraire préféré ?
Yan Lespoux s’est fait connaître en 2021 avec Presqu’îles, un recueil de nouvelles qui s’ouvrait sur cet incipit : “Le premier noyé de la saison, c'est un peu comme l'ouverture de la cabane à chichis, la première grosse pousse de cèpes ou la première gelée : ça rythme l'année.” Avec son premier roman Pour mourir, le monde, publié chez Agullo, il vient d’être récompensé du prix des Gens de Mer-Littoral. Par ailleurs grand lecteur de polar et de roman noir, c’est un des maîtres du genre, Hervé Le Corre, qui dit de lui : « Lui, il a un talent fou. » Coup de chance, Yan Lespoux a pris le temps de nous livrer sa sélection.
En 2022, Diadié Dembélé avait marqué les esprits avec son premier roman Duel des grands-mères. Avec Deux grands hommes et demi, Diadié Dembélé renverse la malédiction du deuxième roman avec un texte ambitieux dont le travail sur la langue sert au plus près son sujet, l’histoire de deux jeunes hommes passés d’une vie d’agriculteur pauvre dans un village du Mali aux foyers pour travailleurs et les centres de rétention en France. “Mieux, ce texte entérine l’éclosion d’un vrai écrivain, c’est-à-dire d’un romancier avec une identité, des obsessions, un style — bref, un monde.” Télérama. Après avoir signé son roman au dernier Festival du livre de Paris, Diadié Dembélé a accepté notre invitation, et nous en sommes ravis.
Élue surprise de la rentrée littéraire de janvier, Rousse, la renarde de Denis Infante, continue de faire du orange la couleur du moment. Alors que les études publiées récemment confirme que la courbe du nombre de lecteurs suit inéluctablement celle de l’évolution des glaciers, cette fable poétique, aussi roman d’apprentissage, un poil dystopique mais portant haut les couleurs de l’entre-aide, regonfle les poitrines de tous ceux qui croient au pouvoir de la littérature. En attendant que les courbes s’inversent (on peut rêver), Denis Infante nous a livré sa sélection, il a même pensé aux enfants !
Jeux du cirque, opium du peuple, chauvinisme, boycott, sponsoring, dopage… mais aussi beau geste, collectif, exploits, respect, solidarité, amateurisme… Suivant comment on le regarde (ou pas !), le sport charrie autant de raisons de s'y intéresser que de passer à côté. Si échapper à l'actualité sportive en temps normal relève déjà de l'exploit, en cette année olympique, à moins de vivre dans un désert ou au fond d’une grotte, cet exploit n'est même pas imaginable. Même en rêve. Alors autant en prendre son parti et regarder les choses bien en face, et en toute subjectivité. Une sélection à lire pour éviter les claquages.
Saturations, distorsions, voix d’outre-tombe, panoplie provocante,... avec son cortège de clichés, le metal, depuis une cinquantaine d’années, résiste à toutes les vagues. Après l’électro et le hip-hop, du 5 avril au 29 septembre 2024, la Philharmonie explore ce nouveau territoire, ses codes et la richesse de ses mythes. À rebours des caricatures, l’exposition dresse, pour la première fois en France, un tableau documenté de ce mouvement, où dialoguent musique, culture populaire, vision anthropologique et arts contemporains. Pour l’occasion nous avons invité Corentin Charbonnier, anthropologue et co-commissaire de l’exposition, à faire sa sélection. Pour prolonger votre amour des décibels, vous pouvez retrouver deux sélections que nous avons faites il y a quelques temps : Hellfest et Highway to metal. Des titres qui affichent la couleur !